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Cailloux & Météores

(1er album)

La Source

* LA SOURCE *

si tu as perdu la trace du soleil
au-dessus des villes
étouffées de sommeil
si tu as perdu en toi la boussole
qui donne le nord
surtout ne t’affole

écoute la douce mélodie
de la source silencieuse
et suis ce chemin joli qui court
vers une journée radieuse

si tu as perdu le courage d’avancer
à travers les ombres
que les hommes ont tissées
si la peur t’envahit mets la en sourdine
dans l’éclat de la nuit
écoute les ondines

qui chantent le gentil refrain
de la source mélodieuse
oublie la langue des humains et cours
vers la mer mystérieuse

si trop de colère en toi est tombée
a laissé un cratère où tu voudrais sauter
regarde tes larmes s’écouler en sourdine
avant de plonger
dans leur eau cristalline

goûte la douce mélancolie
de la source mélodieuse
qui suis le chemin joli qui court
vers tes amours précieuses

Paramessie

*PARAMESSIE*

am stram gram
on disait que c’est toi le dieu qui choisit
comme tu adores jouer à ça

am stram gram
avant c’était le tour d’une étrange fille
puis tout le monde la regretta

plouf plouf plouf
le déluge après moi ne m’attrapera pas
je suis cachée dans la maison

pik-nik douille
l’andouille est celui qui montre du doigt
si on jouait à saute-mouton ?

viendra ou viendra pas
en parachute doré
tombera ou tombera pas
à pic pour nous sauver
sera-t-il noir ou femme
sera-t-il homme ou blanc
c’est ‘cui qui dit qui est
pas facile comme jeu d’enfant

1, 2, 3
on ne peut vraiment compter sur personne
depuis la soupe primitive

4, 5, 6
sait-on seulement si le messie affectionne
de clamer « qui m’aime me suive »

am stram dram
avant que l’on soit tous frappés par la grâce
sonnés par la vérité folle

l’âme crame drame
faudrait tâcher de laisser une jolie trace
comme le café son auréole

viendra ou viendra pas
en parachute doré
tombera ou tombera pas
à pic pour nous sauver
sera-t-il noir ou femme
sera-t-il homme ou blanc
c’est ‘cui qui dit qui est

pas facile comme jeu d’enfant
venu ou attendu
j’ai râté l’émission divine
tout nu ou bien vêtu
et pourquoi pas une machine
je préfère voir en chaque humain
une petite part de sauveur divin
dans chaque cellule, ou bactérie et dans chaque…
paramécie !

Les Nénuphars

*LES NENUPHARS »

tu as déposé
quelques cailloux
sur mon chemin
loin de mes poches

tu as griffonné
comme des haïkus
comme des quatrains
tant de mémos
que les mots ricochent

partout mille et un cailloux
tout autour
partout mille et un haïkus
tout autour

sur mon chemin
tu sèmes des cailloux
au fond du lac
de ma mémoire

je me souviens
de ce haïku
écrit près du lac
lu dans la barque
où j’allais m’asseoir

partout mille et un haïkus
tout autour
partout mille et un cailloux
tout autour

si je deviens, si je deviens
comme l’eau du lac
insondable
tous les matins regarde bien
les nénuphars vulnérables
laisse-les pousser, laisse-les couvrir
toute ma surface
en miroir
les souvenirs feront fleurir
l’amour vivace
la mémoire

je me souviens
de ce haïku
écrit dans la barque
où j’allais m’asseoir


donne-moi la main
je voudrais revoir
près de la barque
l’eau du lac
et les nénuphars

 

Terre Adèlie

*TERRE ADÉLIE*

j’ai bien peur de ne jamais te voir

j’ai bien peur de ne jamais laisser une trace dans ton monde enneigé
j’ai bien peur de ne jamais poser mon regard dans le tien bleu glacé

j’ai bien peur de rester

j’ai bien peur de voir s’écouler tout ce temps que tu gardais figé
j’ai bien peur de voir se fissurer le miroir cachant la vérité

j’ai bien peur de rester le ventre creusé de regrets
quand je n’aurai plus l’âge de faire le voyage

en Terre Adélie
ton nom résonne tout bas
Terre Adélie
au fond je pense à toi
chère Adélie
si t’es là attends-moi
Adélie je dois me faire
à l’idéal été austral

j’ai bien peur de ne jamais t’avoir

avoir peur cela ne sert à rien, j’aime l’idée que nous avons de toi
j’n’ai plus peur de tenir à demain, perdre le nord c’est gagner un combat

j’ai bien peur de laisser la vie creuser où elle veut
quand je n’aurai plus d’âge je ferai le voyage

en Terre Adélie
ton nom résonne tout bas
Terre Adélie
au fond je pense à toi
chère Adélie
si t’es là attends-moi
Adélie je dois me faire
à l’idéal été austral

Amour Squelette

*AMOUR SQUELETTE*

amour immense
je grimpe jusqu’à toi
sur l’escalier de tes vertèbres
sous tes ailes sans plumes
belles omoplates lisses
je dors en attendant la nuit
je rapetisse sur toi
puis je me hisse encore plus haut

j’aime regarder
la blancheur fantomatique de tes os
l’échafaudage fragile et dense
qui nous tient debout pour la danse

car je t’aime jusqu’à l’os
je ne sais pas qui ronge
ce qui me ronge
l’amour ou moi
l’amour ou toi
je ronge l’amour qui me ronge

grands dieux
comme ton grand dos s’allonge
je marche sur l’escalier de tes vertèbres
j’avance et m’élève dans les ténèbres
de ton ombre imposante
dans escalier de pierres d’abraxas
j’ai décidé de découvrir ton atlas

j’embrasse du regard
le chemin parcouru
je ne peux revenir en arrière
le vertige me glace
l’ascension est fatale
je revois mon itinéraire

en creusant sous ta chair

oh mon amour colosse
je te ronge jusqu’à l’os
après moi il n’y aura
que la mort inquiète
pour aimer ton squelette

à l’ombre des lombaires
je pense aux fossiles
aux dinosaures, au jurassique,
aux grands prédateurs d’argile et de calcaire

ton thorax s’est ouvert
j’ai grimpé un million d’escaliers
écorchée vivante à force de t’aimer
nous danserons sur l’éternelle nuit
la danse macabre la danse cadavre
d’ivoire et de nacre et de sel et de cire

mon roi, je grimpe dans ce couloir
l’escalier colossal
pente verticale des cervicales
l’atlas puis enfin le crâne austère,
ta planète nue et minérale

par-dessus ton regard
vers le même horizon
je découvre le bord de ton univers
un vertige me surpasse
je glisse sur ton front
je t’ai presque découvert

il me faut encore…
soulever le suaire

oh mon amour colosse
je te ronge jusqu’à l’os
après moi il n’y aura
que la mort inquiète
pour aimer ton squelette

 

Couleur Prairie

*COULEUR PRAIRIE*

les yeux couleur prairie
quand on regarde dedans
on voit des collines qui brillent
sous un soleil ondulant
et quatre petites filles
qui courent sur le versant

ses yeux couleur prairie
sont doux comme les herbes
patients comme les volcans
qui gardent leur superbe
tout brûlant doucement
nos coeurs refroidissants

dans ces yeux je voudrais…

plonger les yeux ouverts
respirer le grand air
et revoir l’avenir d’avant
les parents sont les enfants

et dans les hautes herbes
avant l’âge et le verbe
courir les cheveux au vent
rêver d’être un cheval persan

dans ses yeux couleur prairie
on foule le versant du monde
on s’allonge dans la mousse
au creux des collines rondes
on se love et on pousse
comme quatre fleurs safran

dans ses yeux couleur prairie
je démonte le temps
je vois ces quatre petites filles
qui nagent dans le vert des champs
tous les âges sont abolis
les enfants sont des parents

dans ces yeux je voudrais…

plonger les yeux ouverts
respirer le grand air
et revoir l’avenir d’avant
les parents sont les enfants


et dans les hautes herbes
avant l’âge et le verbe
courir les cheveux au vent
rêver d’être un cheval persan

et revoir l’avenir d’avant…

Lumière nuit

*LA LUMIÈRE NUIT*

la lumière fut
depuis…

la lumière luit
la lumière luit
dedans

la lumière nuit
la lumière brille
dehors

la lumière pluie
météores

la lumière noire
s’éteint

un coup de feu
un incendie

la lumière bruit

la lumière nuit
à la nuit

feu la lumière
des étoiles

sous les lumières
de l’or noir

la lumière brûle
le jour

la lisière brille
la nuit

la lumière nuit à la nuit

la lumière fût
la lumière fuit

la lumière brûle
et dans la nuit meurt la lisière

leurs lumières nuisent à la nuit
la nuit s’épuise à se coucher

un très long jour se lève
incendié

un grand écran se lève
est un ciel
éteint
brûlé

 

Seule la nuit

*SEULE LA NUIT*

pour une soirée magique qu’on n’oublierait jamais

et vous portiez quoi ce soir là ?

rendez-vous au « Cosmic », toute la ville palpitait

et vous portiez quoi ce soir là ?

j’avais mes bottes grises et ma jupe de starlette

et vous portiez quoi ce soir là ?

rien qui ne me déguise juste assez de paillettes

et vous portiez quoi ce soir là ?

j’ai faillit rentrer seule, il m’a dit t’as d’la chance

et vous portiez quoi ce soir là ?

il avait une bonne gueule alors j’ai fait confiance

et vous portiez quoi ce soir là ?

je n’ai pas peur du noir, je croyais être une ombre

et vous portiez quoi ce soir là ?

tous mes démons se marrent, ce type était plus sombre

et vous portiez quoi ce soir là ?

il m’a fallu du temps pour affaiblir la honte

et vous portiez quoi ce soir là ?

et rien qu’en vous parlant je sens mes larmes qui montent

et vous portiez quoi ce soir là ?

essayer d’oublier rend les cauchemars solides

et vous portiez quoi ce soir là ?

voulez-vous bien m’aider à purger le sordide ?

et vous portiez quoi ce soir là ?

je n’ai pas peur du noir, je croyais être une ombre

et vous portiez quoi ce soir là ?

tous mes démons se marrent, ce type était plus sombre

et vous portiez quoi ce soir là ?

pour une soirée magique qu’on n’oublierait jamais

et vous portiez quoi ce soir là ?

rendez-vous au « Cosmic », tous mes amis dansaient

et vous portiez quoi ce soir là ?

…seule
la nuit
seule la nuit
me console
la nuit seule
me console…

Elle sera nue

*ELLE SERA NUE*
(en duo avec Christian Décamps)

elle sera nue
elle sera nue
elle sera nue
leur guerre
elle sera nucléaire

elle sera bombe
elle sera belle
elle sera bonne
joueuse
elle sera belliqueuse

il sera bon
il sera beau
il sera bien
monté
il sera bombardier

* * *

nous serons loups
nous serons loups
nous serons loups
voyeurs
ils seront beaux joueurs

et tous les gens
et tous les gens
et tous les gens
par terre
une partie de jambes en l’air

ils seront peu
ils seront peu
ils seront peu
dehors
à vivre la petite mort

* * *

nous serons l’or
nous serons l’or
nous serons l’or
et la chair
nous serons l’ordinaire

elle attend là
elle attend là
elle attend là
la fin
elle attend dans le lointain

elle sera nue
elle sera nue
elle se rhabille
doucement
elle se rhabille sur le champ

Sur mon chemin

*SUR MON CHEMIN*

je me promène sur les chemins sinueux
de ta semaine tu ne me quittes pas des yeux
alors je sème
derrière moi
un par un
un par un
un par un
des cailloux blancs
un par un

quand tu te promènes ils se mêlent de ton chemin
sous ta semaine tes orteils en voient plus d’un
c’est que je sème
un par un
un par un
un par un
des cailloux blancs
un par un

tu peux marcher sur les mains
tu peux sauter à pieds joints
ils sont là mes cailloux à attendre
que tu reposes ta peau tendre

et si tu l’as mauvaise
reste donc sur ta chaise

je me promène sur les chemins sinueux
de ta semaine mais je n’sais pas ce que tu veux
alors je sème
derrière moi
un par un
un par un
un par un
mes cailloux blancs
un par un

tu peux marcher sur les mains
tu peux sauter à pieds joints
ils sont là mes cailloux à attendre
que tu reposes ta peau tendre

et si tu l’as mauvaise
reste donc sur ta chaise

tout au fond je n’ai pas
comme tu le crois
à la place du cœur un caillou
mais quand je pense à toi
cher caillou sous le matelas
je m’amuse à te rendre fou

c’est imparable
je sais que je ne me perdrai pas
je me sens coupable
de casser les pieds aux rabat-joies
mais je sème quand même
un par un
un par un
un par un
mes « Don Juan »
un par un

tu peux marcher sur les mains
tu peux sauter à pieds joints
ils sont là mes cailloux à défendre
mon chemin des cœurs trop tendres

si tu l’as mauvaise
garde donc tes charentaise

Cailloux & Météores

*CAILLOUX ET MÉTÉORES*

il y a le ciel
il y a le miel
il y a les yeux
il y a les voeux
il y a moi
il y a vous
et dans tout ça
comment n’pas être fou ?
au milieu de
ce que les étoiles commettent…
de mieux
de pire
juste au milieu
de leur empire

il y a là-haut
la beauté sans mot
des soleils plein d’or
des pluie météores
il y a toi
il y a nous
un grain de folie
dans les yeux du grand tout
au milieu de
ce que les étoiles commettent…
de mieux
de pire
juste au milieu
notre navire

il y a la mer
il y a la terre
il y a tes yeux
plongés dans les cieux
il n’y a rien
il y a tout
un petit grain
juste un petit caillou
au milieu de
ce que les étoiles commettent…
de mieux

Cetus

(Ce que les étoiles commettent #3)

Ce que les étoiles commettent

* CE QUE LES ÉTOILES COMMETTENT *

il n’y a pas que les étoiles
qui commettent
des choses brillantes
et qui en jettent !

il y a la planète des marques,
les prix qui explosent
les stars qui s’éteignent,
et la crème solaire

il y a les dents qui brillent
les semaines filantes
les constellations familiales
les éruptions cutanées

qu’est-ce que les étoiles commettent ?
qu’est-ce que les étoiles ?
qu’est-ce que les humains commettent ?
quel drôle d’animal !
qu’est-ce que les étoiles commettent ?
qu’est-ce que les étoiles ?
qu’est-ce que les humains promettent ?
le meilleur et le mal.

les nébuleuses, les quasars, les naines brunes, les pages blanches,
les géantes rouges, les marées noires, les années lumières et bissextiles,
les casseroles et les baleines, la voie lactée, les voies romaines,
la musique des sphères très haut placées,
le système bancaire, le corps astral, le système solaire a cinq étoiles

la nuit toutes les matières grisent !

notre univers si expansé
se mêle de rien, si confortable
je foule cette terre sous les étoiles qui commettent
je ne sais quelle inconcevable vie
l’irréparable
là-haut…

qu’est-ce que les étoiles commettent ?
qu’est-ce que les étoiles ?
qu’est-ce que les humains commettent ?
quel drôle d’animal !
quel squelette est un poète ?
quelle starlette à poil ?
qu’est-ce que les humains promettent ?
le meilleur et le mal.

il y a ce que les étoiles commettent
et il y a tout le reste
et tout le temps que ça prend
et toute la place que ça laisse

et tout le temps que ça prend
et toute la place
que ça laisse

Le fantôme

Le fantôme
(Aurore Reichert & Sébastien Hoffmann)

je suis un fantôme qui te regarde de travers
je vois tout noyé dans un verre
je crève de nuit la fin
je crève de nuit la fin

je fais de grands gestes pour mimer mon calvaire
j’absorbe des nuits entières
je crève de nuit la fin
je crève de nuit la fin

je poursuis mes recherches plongé dans tes grands airs
je rêve l’embarcadère
je trèfle mais en vain
je crève de nuit la fin

n’embrasse pas consciemment ainsi l’enfer
où tu ne voudras plus que faire
crever la nuit enfin
crever la nuit enfin

« n’embrasse pas consciemment ainsi l’enfer »

voici la voix que j’entends dans mon verre

je suis un phénix un peu mouillé
qui veut ressortir du cendrier
je suis un fantôme bien décidé
à se jeter à l’eau sans se noyer
à reprendre chair sans payer
aucune bière où m’enterrer

Cetus

Cétus

ta beauté est un cadeau des dieux
un trophée pour les hommes ambitieux

ton héros viendra me changer en pierre
épingler ta candeur, harponner les mystères

sais-tu seulement que…
sans moi, monstrueuse, il n’y a pas de prince charmant
sans moi, dangereuse, tu restes encore une enfant

je tiens dans ma bouche l’effroi et le néant
je pleure pour les baleines un morceau d’océan

si j’avalais le monde ne serait-ce qu’une nuit
trouverait-il la paix juste le temps d’une vie ?

sais-tu seulement que…
sans moi disgracieuse il n’y a pas de firmament
sans moi monstrueuse il n’y a pas de prince charmant

sans moi dangereuse tu restes encore une enfant
sans moi silencieuse il n’y a pas de roman

Labyrinthe

LABYRINTHE

à quoi tu penses ?
à quoi on rêve ?

à quoi on joue ?
à cache-cache
joue contre joue
face à face
cet amour est fou
il s’attache
et se cristallise
en murs de banquise

entre les murs lisses
doucement je me glisse
au détour d’un dédale
je t’entends qui cavale
on s’est pas mis d’accord
qui fait le minotaure ?

j’l’ai sur le bout de la langue
la réponse hésitante
fatiguée par la chasse
enfermée dans ma soif
je voudrais bien qu’ils fondent
que les murs de glace nous inondent…

…l’un dans l’autre
on s’enfermera l’un pour l’autre
comme un labyrinthe
dans un labyrinthe
dans un labyrinthe

un rien et je me défile
Ariane a perdu le fil
à quoi tu penses ?
à quoi on rêve ?…

(cours ! cours ! cours ! et prend ton amour cours ! cours ! si ton coeur lourd : cours !)

…d’un amour simple
tour à tour à la fois
d’un labyrinthe
d’un mariage de rois
d’un conte de fiel
d’un château en bois
sous une lune de miel

et on s’enfermera l’un dans l’autre
et on se cachera l’un pour l’autre
comme un labyrinthe
dans un labyrinthe
une mise en abîme
qui abîme nos étreintes
nous passerons de la cime
au gouffre des complaintes

un rien et je me défile
Ariane a perdu le fil

à quoi tu penses ?

L'effrontée frontière

L’effrontée frontière

la frontière
effrontée
et pleine d’air
prend de haut
toutes les mères
effondrées
emmurées
par la mer
déchaînée
prend de haut
la falaise
qui n’avait jamais vu d’enfants

tous les corps
en mouvements
tous les morts
au courant
de leur sort
délaissés
aux requins
aux radeaux
aux radins
aux dents longues
mon pays
pieds dans l’eau
mets tes tongues il fait beau !

même les oiseaux migrateurs s’affolent
entre deux vents contraires perdent la boussole
nos vies lacérées par l’effet de serre !

la frontière
et le mur
la barrière
effondrés
sous les guerres
n’affrontaient
plus guère
que le vent
l’affront d’hier
à fait taire
des enfants
qui n’avaient jamais vu la mer

mais que faire ?
des concerts
de passeurs
plein de mots
sans papier ?
n’embrasser
que de l’air ?
replanter
une tente arrachée ?
si un mur a deux faces
quel est le côté des perdants ?

même les oiseaux migrateurs s’affolent
entre deux vents contraires perdent la boussole
nos vies lacérées par l’effet de serre

le climat bipolaire
et les avions de guerre
resserrent
leurs serres
lacèrent

Une mélodie s'installe

Une mélodie s’installe
(Aurore Reichert & Sébastien Hoffmann)

les feuilles jaune et ocre
sous l’effet du temps
se fichent dans les arbres

celles qui ne sont pas mortes
fléchissent sous le vent
et voient leurs soeurs qui détalent

sous l’effet du vent

(…une mélodie s’installe… )

quand le soir enveloppe
le bois et les sentiers
un nouveau souffle s’installe

là où nul ne s’époumone
et où l’eau fait miroiter
le silence en pagaille

soulevant les fées

les vivants venus du sol
discutent à bâtons rompus
de la pluie et du beau temps

sous la mégalopole
il paraît que le champ des possibles s’est répandu
sous la mégalopole
il paraît que le chant du silence est suspendu
sous la mégalopole

et dans la mégalopole…

Persée

(Ce que les étoiles commettent #2)

 

Delta

Delta

 

au delta de ta nuque

le courant est si fort

je me coule dans les vagues

de tes cheveux lâchés

je vais prendre le large

 

au delta de ton cou

la brume de ton odeur

se lève autour de moi

m’enveloppe dans tes bras

je vais prendre les airs

au delta de ta nuque

à la lisière de tes cheveux

j’aperçois un sentier

qui part de ton souffle

qui passe dans tes yeux

et à travers moi

il va prendre le pas

au delta de tes paumes

coulent des ravines de lave

qui se frayent dans ma peau

des chemins de traverses

je vais prendre feu

au delta de mon ventre

tu avances sur mes terres

déposer la promesse

d’un avenir fertile

je vais prendre racine

 

 

MATINALE

MATINALE

 

 

Matinale

journée liquide

coule, abyssale

perfide

Dans le journal

un essai atomique

impulsion fractale

pacifique

Un frugal repas

un homicide

illusion détale

viande froide acide

C’est vital

scientifique

explosion finale

hypothétique

Dans les couleurs du ciel

des mondes silencieux

il est dans le sommeil

des mondes merveilleux

Et sous les sycomores

aux feuillages pluvieux

le matinal Âge d’Or

fera-t’il long feu ?

Matinale

un goût insidieux

d’un vert idéal

médicamenteux

Matinale

saturent les gens

banale

capture le temps

Les yeux comme des coupoles

de fugace argent

s’allument, s’envolent

juste un instant

De café noir un bol

et quelques croissants

à la radio un bémol

l’air du temps

le futur

Il est dans le sommeil

des mondes silencieux

dans les noirceurs du ciel

des mondes merveilleux

De furieuses étoiles

qui rythment nos trêves

jusqu’à l’aube cruciale

où le monde se lève

 

OBEY
 

OBEY

Obéïr

je ne demande qu’à obéïr

si l’amende est amère

vomir

ça ira mieux demain mon chou

regarde mon sourire

Obéïr

non ne pas chercher à abolir

l’esclavage de mes idées

noires

si l’âme est en délire vaudou

il faut la contenir

All I want is to obey, my Lord

 

Obtenir

le lustre et la rudesse du cuir

on m’a tellement tannée

je dors

au milieu des chaussures

soldées

Everyone carries their cross

Each one carries his choice

On the crossroad I’ll go to the one and only noble tree

all I want is to obey to my log

And I won’t burn it for my comfort

 

All I want is to obey, my Lord

 

Réfléchir

je ne demande qu’à réfléchir

on m’a tellement polie

je brille

comme une boule à faciès

qui est-ce qui est-ce qui est-ce qui esquive ?

Obéïr

à tous mes appétits avaler

tout ce que l’on me dit

espérer

qu’il en reste aussi pour les autres… jours

(mais qu’est-ce que vous croyez ?)

All I want is to obey, my Lord

 

And to sleep like a log…

I want to sleep like a log

A log

 

Pas grand chose
 

Pas grand chose

 

tous ces orages à rester debout plantée au beau milieu d’un champ de roses

les regarder faner, délavées de larmes pauvres petites choses

tout cet amour à dormir debout aura réveillé nos plus belles névroses

nous regarder darder nos épines comme des armes c’est bien trop d’ecchymoses

une larme puis une autre rythment la discorde à chaque jour sa dose

celle de trop un soir et la vie déborde c’est la métamorphose

nos rêves un peu fous

doucement se nécrosent

juste derrière nous

nos instants se déposent

lit de poussière où

nos démons se reposent

 

bien sûr je ne suis pas parfaite il m’arrive aussi de garder mes portes closes

si j’ les laissaient ouvertes le bruit s’engloutirait jusqu’à l’overdose

non j’n’attendais pas de toi que tu me donnes la preuve d’un amour grandiose

si un sourire, si un regard créent un chef d’oeuvre il ne faut pas grand chose…

nos rêves un peu fous

doucement se nécrosent

juste derrière nous

nos instants se déposent

lit de poussière où

nos démons se reposent

 

…et là devant moi la direction s’impose

je cherchais la beauté dans toutes les choses

dans les pots cassés, dans la dureté d’un mot qui implose…

 

…mais j’ai fini par oublier

où regarder

j’ai trop cherché, trop cherché…

 

un pas devant l’autre au rythme de mon coeur la direction s’impose

le chant du monde est simple en profondeur un silence virtuose

mes rêves un peu flous

ont retrouvé l’osmose

chaque instant est un tout,

une apothéose

comme l’éclatement doux

d’un bouton de rose

 

 

Persée
 

Persée

dans ma cabane sous la terre

je reste des heures entières

seule, je compte les cristaux

qui mûrissent, qui méditent

comme des fruits lents

dans le silence

quand tu me tues je m’enterre

dans ma cabane sous la terre

seule, je compte les cristaux

qui s’écoulent de mes yeux

qui s’évaporent

dans un désert…

…qui s’étend comme un cancer

il est temps de sortir de terre

de grandir encore

donner le meilleur

comme un charbon devient diamant

comme un chardon donne une fleur

 

 dans ma cabane, mon repère

j’ai égrainé mes prières

sans compter les cristaux

mes étoiles minérales

percer mon ciel

changer de chapelle

 

Shéhérazade
 

Shéhérazade

 

il y avait la lune et la fièvre

d’un soir doré à l’orée du désert

embarquées sur tes mots d’orfèvre

on a traversé mille et une mers

tu m’as présenté d’étranges créatures

qui hantent encore l’ombre des grands rois

on s’est inventé tout un tas d’aventures

avec les noms de princesses d’autrefois

Shéhérazade raconte moi

ma sérénade je la chante pour toi

ce soir j’écoute ton histoire

mêlée de doutes et de beauté sauvage

et sur le fleuve de tes  cheveux noirs

flottent l’épreuve et l’attrait du voyage

tu t’es tournée face à la folie du monde

petite statue de sel au pied des barricades

quand ta voix se lève avec la lune blonde

le matin découvre une statue de jade

Shéhérazade raconte moi

ma sérénade je la chante pour toi

à midi le soleil réchauffe la pierre

le soir la pierre renvoie la lumière

un soir doré à l’orée du désert

tu guides le roi hors de sa folie

le monde entier écoute tes prières

et quand vient le silence voilà ce qu’il dit :

Shéhérazade danse pour moi

ma sérénade je la chante pour toi

 

Shéhérazade raconte moi

ma sérénade je la chante pour toi

 

Orion

(Ce que les étoiles commettent #1)

J’vais bien !

J’vais bien !

J’ai hâte, j’ai hâte

J’ai atterrie dans c’trou

Tu pars, tu pars

Tu partages ma cage

Je lave, je lave

Je l’avouerai peut-être

Je mens, je mens

Je m’en remets à vous

C’est mon jeu de loi

L’amère loi de mon jeu :

J’enrage, j’enrage

J’en rajoute un p’tit peu

J’vais bien, j’vais bien

J’vais bientôt aller mieux !

 

Tu plais, tu plais

Tu plaisantes à moitié

Je nage, je nage

Je n’ajouterai rien

Je vois, je vois

Je voyage en pensée

Je rêve, je rêve

Je révolutionne tout

J’écris, j’écris

J’ai crié contre toi

Tu dis, tu dis,

Tu disparais d’un coup

Je ris, je ris

Je risque de pleurer

Je sais, je sais,

Je saigne des genoux

L’amoureux

L’amoureux

Aphonis porte un chapeau

nous serons 10 milliards bientôt

elle l’a dit avec les yeux

elle me dit tout avec les yeux

enfin j’y crois et ça

me rend heureux

Aphonis a perdu la voix

j’ai cru le lire dans ses yeux

mais si je le dis aux gens curieux

elle me dit non avec les yeux

j’ai seulement, tu vois

perdu les mots

Aphonis est couchée sur le dos

sur l’herbe est posé son chapeau

elle regarde, le corps d’un arbre

s’étirer, s’élancer

onduler comme une rivière

et faire des remous de lenteur

si je voulais le voir couler

ici il me faudrait rester…

être là demain

et 10 milliards de matins

elle me dit ça tout bas

elle me dit tout

comme ça

avec les yeux

Aphonis a remis son chapeau

avec les mots tu sais je parlerais trop

sans jamais m’arrêter

10 milliards de mots

à la fin tu en aurais assez

elle me dit tout ça

moi je lis tout ça

elle sourit je crois

avec les yeux

Like waves

Like waves

 

I see you up above

Like a comet or a star

I’m stood upon this shore

Down down I go

Down down down  I go…

Letting sand slip from my hand

To melt into the sea

Don’t hold on that

Why can’t I do that

Why can’t I just be free ?

So long I have longed to know ?

Is it my fate to be

Like waves upon the sea ?

To rise to seek the stars

It’s for a reason of my soul

To fall into the deep below

It seems so hard

But I have to know…

Je le vois ton désert

Ton océan de sable

Il veut ma peau et m’évaporer

M’adorer me dévorer

Entre les dunes et la lune

Divague sur le sommet

Mon eau va très haut, c’est beau là-haut

Mon ocean volé

Si haut

J’ai oublié

Pourquoi chercher à faire

Comme les vagues sur la mer ?

Se mélanger au ciel

Et perdre pieds sur terre

L’immensité restera un mystère

Mais quand on s’aime

Le désert prend l’eau…

…l’océan se terre

Dans le sable chaud

Orion

Orion

le silence et la nuit s’allument

je n’ai qu’à lever la tête

pour plonger dans la beauté

que les étoiles commettent

aurions-nous oublié de regarder au loin ?

comme les étoiles se reflètent

sur la voûte citadine

et dans les yeux de cette fillette

qui chantonne une comptine

aurions-nous oublié de regarder au loin ?

le monde est une merveille

il y a le jour et la nuit

y’a la lune et le soleil

les étoiles et les fruits

le monde est une merveille

y’a la mer qui est profonde

y’a la terre qui est toute ronde

et des moulins à vent il y’en a aussi…

aurions-nous oublié de regarder au loin ?

aurions-nous oublié de regarder Orion ?

L’automate

L’automate

Parfois je me demande quand je marche dans la rue

S’il n’y a pas quelques ficelles au-dessus qui manigancent

Des fois je me demande quand je marche dans la rue

Quand les autres me regardent, se disent-ils que je danse ?

Que je distille mes gestes au petit bonheur la chance ?

Savent-ils que je suis soumis à la cadence ?

Je suis l’automate créé par le grand architecte

Le temps m’est conté dans le cliquetis de mes rouages

Si l’on met bout à bout tous mes battements de cœur

Alors seulement on peut retrouver la justesse de mon âge

 En aurais-je autant qu’un orvet ou qu’un volcan ?

Et si le soleil lui-même pulsait comme un palpitant ?

(Je croirai que la terre expire à chaque ouragan)

Au moins dans mon coin je me dis que la vie est à moi

Mois après mois, déglingué, je maudis mon boulot

L’eau qui s’écoule dans mon verre met du vin dans mes larmes

L’arme qui se joue de ma main est pressée de tomber

Ton baiser au  coin de ma bouche m’a sauvé…

Parfois je me demande quand je marche dans la rue

S’il n’y a pas quelques ficelles au-dessus qui manigancent

Parfois je me demande quand je marche dans la rue

Quand les autres me regardent perçoivent-ils ma défaillance?

Si l’on attend de moi des cabrioles

Que l’on m’enlève d’abord cette camisole

Je suis endimanché jusque dans le dos !

Au moins dans mon coin je me dis que la vie est à moi

Après moi : elle me suit et me prend dans ses bras

Brave et honnête marionnette à la vie je m’accorde

À mon cou d’automate : on ne m’y rependra pas !

Parfois je me demande quand je marche dans la rue

S’il n’y a pas quelques personnes comme moi pleines d’espérance…

Lynch ou la complainte de la femme à la bûche

Lynch ou la complainte de la femme à la bûche

  I’m not Lynch

Why am I not not not not ?!

I’m not Lynch

je fais des rêves dont tout le monde se fiche

je n’ai pas de mèche et ne parle pas english

les films que je me fais ne me rendront pas riche

comment être celui dont tout le monde s’entiche ?

I’m not Lynch

Why am I not not not not ?!

I’m not Lynch

les queues de cerises se coincent entre mes ratiches

le feu marche sans moi et à la course il triche

je mange trop et de tout, même mes rimes sont trop riches

les portes de la gloire s’ouvrent-elles au pied de biche ?

I’m not Lynch

Why am I not not not not ?!

I’m not Lynch

pour l’heure mon jardin zen est un terrain en friche

tous mes cauchemars restent au dos des affiches

j’n’ai personne à qui parler à part ma bûche fétiche

elle sait philosopher, j’me sens un peu godiche !

I’m not Lynch

Why am I not not not not ?!